En présence de Didier Roth-Bettoni

S’il est un mot qui peut sans conteste s’appliquer à Barbara Hammer, c’est celui de pionnière : pionnière, au début des années 1970, d’un cinéma d’avant-garde essentiellement jusqu’alors réservé aux hommes ; pionnière d’un cinéma féministe filmant le corps des femmes, et pionnière d’un cinéma lesbien affirmant la représentation de la sexualité lesbienne ; pionnière, pour résumer, de la culture queer. Toute son œuvre va se construire autour de ces dimensions : recherches formelles visant à créer la poésie visuelle qui sourd de tous ses films, et dénonciation de l’invisibilisation des femmes et plus encore des lesbiennes à l’écran et dans la société. C’est tout cela que l’on retrouve dans sa “Trilogie des histoires invisibles”, formidables longs métrages documentaires diffusés dans cette rétrospective. Activiste inlassable et joyeuse, artiste briseuse de tabous, cinéaste essentielle et méconnue, Barbara Hammer est morte d’un cancer en mars dernier. DRB"

En présence de Didier Roth-Bettoni

Jarman le poète, Jarman le photographe, Jarman le cinéaste… C’est sous l’impulsion de la résidence d’artistes La Becque et de son idée fantasque et fantastique de recréer à La Tour-de-Peilz le jardin que l’artiste fit pousser autour du cottage dans lequel il vécut avant d’être emporté par le SIDA, que cette sélection de films emblématiques a vu le jour, participant ainsi à un programme-hommage étalé du printemps 2019 jusqu’en 2020. Plus volontiers axée sur ses œuvres « punk », ce triptyque n’écarte pas pour autant l’expérimentation ni le lyrisme qui lui sont propres.
Les films seront présentés par Didier Roth-Bettoni, journaliste et critique de cinéma et auteur de Sebastiane ou Saint Jarman, cinéaste queer et martyr, publié aux édition Erosonyx en 2013.

Cette année le LUFF est allé explorer la zone grise et indéfinie du film éducatif, rameau trop souvent élagué du genre documentaire, pour en extraire l’une des nuances les plus intéressantes : celle où l’adjonction d’éléments propres à la fiction finit par brouiller les pistes et transforme le produit en une entité hybride et autonome. Ne vous attendez cependant pas ici à d’infantilisantes bandes préventives où à des mélodrames sirupeux aux messages dépassés. Les films de cette sélection semblent avoir littéralement déraillé du droit chemin pour rejoindre un tronçon plus ambigu, où le noble militantisme côtoie l’exploitation la plus crapuleuse, alors que le fond tire la forme vers les limites de l’acceptable. Au final une question demeure : jusqu’où faut-il aller pour faire passer un message ?

En présence de George Fifield

Il a été défini par la presse comme "un réalisateur underground travaillant secrètement dans une station de télévision." Durant plus d’un demi-siècle, Fred Barzyk aura bouleversé le ronronnement paisible des programmes de la station de télévision public de Boston, WGBH-TV, avec ses idées innovantes. Lorsqu’il ne réalisait pas lui-même des œuvres atypiques, il les produisait via le laboratoire expérimental de la chaîne, permettant ainsi à des artistes iconoclastes de bénéficier d’un accès aux dernières technologies afin de pouvoir développer une approche personnelle du médium télévision. George Fifield, spécialiste de l’Art Vidéo et ami proche du réalisateur, présentera les séances, tandis que des extensions cathodiques diffuseront dans le hall de la Cinémathèque un florilège des travaux de Fred Barzyk.

Fred Barzyk dans L'OFF:
> The Barzyk avant garde TV lounge

En présence de Richard Kovitch

En 1970, Penny Slinger et le réalisateur britannique Peter Whitehead s’isolent dans le superbe manoir de Lilford Hall avec l’intention d’y réaliser un film surréaliste. Le film ne sera jamais terminé, mais la jeune artiste en exploite des photogrammes beaux et lugubres à la fois pour produire ce qui est peut-être l’œuvre majeure de sa carrière, An Exorcism, une série de collages fantomatiques aux émanations érotiques chargées de sexualité féminine. Les fascinantes images filmées à Lilford Hall, leur exploitation et la vie et la carrière peu commune de Penny Slinger sont au centre du passionnant documentaire Penny Slinger: Out of the Shadows signé Richard Kovitch. De son côté, The Other Side of the Underneath, vertigineuse spirale féministe dans laquelle elle s’est impliquée comme actrice et cheffe décoratrice, s’impose comme le complément filmique idéal à la découverte de son univers.

En présence de Rose Pietola, directrice du VAFT

Turku, ville médiévale finlandaise située à l’ouest d’Helsinki, accueille depuis 2016 un festival faisant la part belle à l’art vidéo : le VAFT. Si l’événement propose quelques installations disséminées à travers la ville – et ce de manière parfois étonnante (la bibliothèque municipale sert d’écran de projection pour une boucle animée monumentale durant les nuits de l’événement) – il a surtout l’audace d’extirper ces œuvres de leur cadre initial pour leur offrir un canevas de salle obscure imposant un regard immersif et collectif. Voici deux programmes illustrant le travail de sélection qui a la particularité d’être systématiquement concocté avec un ou une artiste locale : What the VAFT ?, une sélection internationale bariolée, et The Finnish Collection, qui réunit une variété de vidéos finnoises calmes et vaporeuses.

Site web

En présence de Katherine Bauer

Dans le cadre d’un dispositif de projection élargi qui fera la part belle au précieux travail de film 16mm de la réalisatrice Katherine Bauer, le LUFF consacre un focus à cette artiste à la croisée du cinéma et de l’installation. Plusieurs films seront présentés dont une pièce inédite : autant de témoignages du cosmos onirique de la réalisatrice, entre exploration des mythes et des folklores, érotisme et nature. Ce cinérama s’articulera avec une carte blanche à la Film Makers’s Cooperative de New York dont Katherine Bauer n’est autre que la co-présidente.

Cinéma élargi avec Katherine Bauer:
> Carte blanche à la Film-Makers' Coop

En présence de Katherine Bauer

La Film-Maker's Coop est la plus ancienne et la plus grande organisation dévouée à la diffusion de l'art de l'image en mouvement gérée par des artistes. Fondée en 1961 par un groupe de 22 personnes, dont Jonas Mekas et Flo Jacobs, sous le titre de New American Cinema Group, la mission de la Film-Maker's Coop est d'apporter de la visibilité aux œuvres d'art de toutes formes et structures en provenance de tous milieux culturels et ethniques. Les trois pièces de double projection présentées dans cette carte blanche incarnent les façons distinctes dont le dispositif de double projection détermine le contenu d'un film à travers la structure élargie. KB

Site web

Les projections du film incarnent les points de contact et de séparation des corps…

Cinéma élargi avec Katherine Bauer:
> The In-Between Cosmos of Katherine Bauer – Program 1
> The In-Between Cosmos of Katherine Bauer – Program 2